Le Temps pascal

[Image : fresque de la chapelle melkite d'Aubazine]


Éditorial du numéro d'avril de l'Église en Corrèze.

Le temps pascal est constitué des cinquante jours qui s’écoulent entre le dimanche de la Résurrection et celui de la Pentecôte. Cinquante jours après avoir célébré la Pâque – mémorial de la libération de l’esclavage en Egypte – le Peuple hébreu célébrait la fête de Pentecôte (en grec, ce mot signifie « cinquante ») qui marquait le début des moissons, et à laquelle on avait associé la mémoire du don de la Loi, sur le Sinaï.

Dès les premiers siècles, l’Église a voulu célébrer la cinquantaine pascale, comme un temps de joie spéciale et d’exultation. Ces cinquante jours sont vus comme un « jour de fête unique », comme « un grand dimanche » (saint Athanase). Les dimanches de ce temps sont considérés comme des « dimanches de Pâques » ; après celui de la Résurrection, on les désigne comme 2e, 3e, 4e, 5e, 6e et 7e « dimanches de Pâques ». Le dimanche de la Pentecôte vient clore ce temps sacré des cinquante jours.

On peut caractériser ce temps pascal par les quelques notes suivantes : la proclamation du message pascal de la Résurrection de Jésus, la joie de toute l’Église à qui a été rendu son Époux, la vie nouvelle de ceux et celles qui sont re-nés par le baptême et l’action de l’Esprit-Saint dans la communauté chrétienne et dans le cœur de chaque croyant.

Pendant tout le temps pascal, le cierge pascal, intronisé dans le sanctuaire au commencement de la Vigile de Pâques, fait briller sa lumière, à toutes les célébrations. C’est la Lumière du Ressuscité éclairant les ténèbres du monde et celles de nos cœurs. Le chant de l’Alléluia (en hébreu : « Louez Dieu ! ») retentit à chaque célébration comme le chant de victoire des rachetés (cf. le livre de l’Apocalypse). C’est qu’en effet ces cinquante jours de la célébration pascale sont déjà l’anticipation du bonheur du Ciel, « du temps de la joie qui viendra ensuite, du temps du repos, de la félicité, de la vie éternelle », selon les expressions de saint Augustin.

Le quarantième jour après la Résurrection, nous célébrons l’Ascension du Seigneur, qui n’est pas une rupture, mais une composante de la célébration du mystère pascal du Christ. Elle tourne nos regards vers le Ciel et ouvre nos cœurs à l’attente de l’Esprit-Saint, le don promis par Jésus à ses disciples.

Au cinquantième jour, la solennité de la Pentecôte célèbre la plénitude du mystère pascal, comme le souligne la préface de la messe : « Pour accomplir jusqu’au bout le mystère de Pâques, tu as répandu largement aujourd’hui l’Esprit-Saint sur ceux dont tu as fait tes enfants d’adoption en les unissant à ton Fils unique. »


Selon l’adage médiéval « lex orandi, lex credendi » – la loi de la prière est la loi de la foi » – je vous invite à vivre ce temps liturgique comme une grâce pour ancrer davantage en nos cœurs la joie pascale, dimension essentielle de la foi, et aussi de l’espérance et de la charité chrétiennes. La condition humaine est telle que nous ne pouvons pas échapper aux épreuves de la vie, à toutes sortes de souffrances du corps et de l’âme, à la tristesse des jours sombres, aux doutes et aux peurs. Mais ce n’est pas cela qui peut constituer la toile de fond de notre vie de baptisés, disciples du Ressuscité. Il ne s’agit pas de vivre le temps pascal comme une sorte de méthode Coué susceptible de nous apprendre à être joyeux, mais en nous laissant porter par l’ambiance et la tonalité particulière de ce temps liturgique, afin que la joie pascale irradie en profondeur tout notre être. La joie chrétienne est une joie pascale ! Elle est un don du Ressuscité pour chaque disciple, pour l’Église, pour notre monde et pour l’univers. C’est pourquoi dans le cantique des créatures de saint François d’Assise, et avant lui, dans le cantique des trois enfants du livre de Daniel (Dn 3), c’est l’univers entier et toutes les créatures qui laissent éclater la louange de joie à la gloire de Dieu. Demandons la grâce de la joie pour être toujours plus des messagers de cette joie pascale !



+ Francis BESTION, 

    Votre évêque

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