Mois de mai, mois de Marie

 

Il est difficile de dire avec précision pourquoi le mois de mai est associé à la Vierge Marie. Dès le XIIIe siècle, le roi de Castille Alphonse X le Sage (1221-1284) avait associé dans un de ses poèmes la beauté de Marie à celle du mois de mai. Au XIVe siècle, le frère dominicain Henri Suso (1295-1366) avait pris l’habitude, le premier mai, d’orner les statues de Marie de couronnes de fleurs. Il y a donc très probablement un lien entre la beauté de la flore qui se déploie au mois de mai et notre Mère du ciel.

C’est à Rome, à la fin du XVIe siècle, qu’est née la coutume de consacrer les trente et un jours du mois de mai à une prière mariale spéciale. Saint Philippe Néri (1515-1595), par exemple, rassemblait les enfants autour de l’autel de la Sainte Vierge, dans la Chiesa Nuova. Il leur demandait d’offrir à la Mère de Dieu des fleurs du printemps, symboles des vertus chrétiennes qui devaient aussi éclore dans leur vie chrétienne.

Au XVIIIe siècle, les Jésuites ont beaucoup œuvré pour diffuser cette dévotion dans toute l’Italie. Ils recommandaient que, la veille du 1er mai, dans chaque maison, on dresse un autel à Marie, décoré de fleurs et de lumière. La famille était invitée à se réunir pour prier en l’honneur de la Sainte Vierge. Cependant, c’est en approuvant cette dévotion, en 1815, que le Pape Pie VII va permettre sa très grande diffusion dans toute l’Église. Le mois de Marie sera célébré dans les paroisses et dans les familles.

Marie n’est pas le terme de la prière, mais elle peut en être le chemin. C’est Dieu qui est loué pour le Salut accompli en son Fils, auquel Marie est associée par grâce d’une manière privilégiée et unique. Beaucoup des représentations de Marie sont des Vierges à l’Enfant ; quand nous la prions, nous disons : « Donne-nous ton Fils ! ». Nous avons aussi confiance en Marie pour porter au Seigneur nos prières d’intercession : « Marie, prends nos prières et présente-les à Jésus. » 

Sur la base des Orientations pastorales diocésaines, données en 2016, pourquoi ne pas saisir l’occasion de ce mois de mai dédié à la Vierge Marie, pour continuer à promouvoir la création de nouvelles Fraternités locales missionnaires, en se réunissant, à deux ou trois personnes (ou plus si c’est possible), chaque semaine, dans une maison ou à l’église du village, pour prier le chapelet ? Cela se fait déjà en certains lieux, mais de nouvelles initiatives pourraient voir le jour ! Il suffit qu’une personne ait l’audace d’en inviter quelques autres. À partir de cet embryon, une Fraternité peut naître et se prolonger sous des formes variées. Quelle meilleure base que celle de la prière ensemble pour établir une nouvelle Fraternité locale ! La prière du chapelet est une forme de charité : on peut confier à l’intercession de la sainte Vierge des personnes du voisinage : familles, personnes malades, isolées, endeuillées, etc. De cette prière peut naître le désir d’accomplir des œuvres de miséricorde envers ces personnes, comme celle, par exemple, d’une visite à domicile.

Le mois de mai dédié à la Vierge Marie peut aussi être une grâce pour la prière en famille. Je sais que des familles aimeraient instaurer un temps de prière quotidien ou hebdomadaire dans leur maison, mais elles ne savent pas toujours comment s’y prendre, ou tout simplement elles négligent de le faire. Pourquoi ne pas commencer sous le patronage de Marie, en ce mois de mai ? Parents et enfants peuvent prier ensemble, en disant le Notre Père et une dizaine de Je vous salue Marie. 

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs ! Priez pour que nous découvrions la présence et la miséricorde de Dieu, pour que nous sachions écouter et vivre l’Évangile, pour que grandissent en nous la foi, l’espérance et la charité.

Mgr Francis Bestion

+ évêque de Tulle